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LE BUGUE, VILLAGE DU MONDE COSMOPOLITE

« Aujourd’hui, Le Bugue n’est pas le centre du monde, mais presque ! ». Ainsi le maire du Bugue, Gérard Fayolle, introduisit-il le troisième Forum des Langues, un rendez-vous tout aussi local qu’universel. Organisé par l’association buguoise « L’Arbre à Palabres », composée d’amoureux des voyages qui savent les trésors du partage, il n’a pour autre but que de permettre à chacun, d’où qu’il vienne, de s’exprimer sur la place publique afin d’apporter sa touche personnellle au facétieux concert des innombrables langues humaines.



L’ANTI LANGUE DE BOIS POUR UNE FOIS A L'HONNEUR


« Il en va des langues de grande surface comme des commerces de grande surface, elles éliminent tout autour ! » déclarait le journaliste Dominique Jamet, invité d’honneur de ce Forum, journaliste et ancien président de la Bibliothèque de France. « Veillons à laisser vivre les langues « de petites surfaces » et à ne pas laisser la seule langue anglaise, parlée à l’américaine, tout envahir...» Cette mise en garde posée en préambule, le tour des stands, pardon, des étales pouvait débuter.

Dans un parfum de cornes de gazelles et de thé à la menthe, les différents participants invitaient chacun à leur manière au voyage. Les très belles photos de Jean-François Fabriol, spéléologue et professeur de mathématiques à Figeac, nous entraînaient dans des des écoles au Pérou, en Mauritanie ou au Sénégal, « le pays du dialogue », comme l’appellent Annie et Jean-Pierre Mallemouche. Pour y avoir vécu et travaillé comme imprimeurs pendant vingt ans, ils savent toute l’importance du dialogue et mesurent aussi l’étendue des malentendus véhiculés autour du thème de l’immigration, mêlant méconnaissance de l’autre et amnésie de l'histoire. Résultat : une hostilité sans dialogue, précisément. Alors, selon eux, la meilleure solution c’est de parler, pour chasser les vieux démons, pour chercher à comprendre, sans intermédiaire ni manipulation. C’est pourquoi tous deux croient très profondément aux vertus de ce Forum des Langues auquel participait, comme un symbole, la communauté vietnamienne de Sainte-Livrade, réfugiée en France à la fin de la guerre d’Indochine. Les enfants issus du C.A.F.I. : Centre d’Accueil des Français d’Indochine, ouvert dans l'urgence de la survie, il y a cinquante ans.

DE BRIC DE BROC ET D’OC

Ce forum était l’occasion d’agrémenter son répertoire de contacts divers et réjouissants, comme ce café de Sarlat, le Lébérou, où l’on peut palabrer tous les mardis soirs à partir de 18h00 en français, anglais, néerlandais, allemand, espagnol ou italien.
Tout à côté siégeait l’Association Périgord-Québec qui depuis vingt ans tisse une toile d’amitié avec le Québec, vous savez ce pays enclavé dans un océan anglophone, nettement plus attaché à la défense du beau français que nous ne le sommes, trop certains de notre indiscutable suprématie culturelle…
Il y avait aussi une étudiante finlandaise aux yeux chinois venue présenter l’association américaine YFU (Youth for Understanding). Fondée en 1951, au lendemain de la seconde guerre mondiale, elle eut à l’origine pour but d’établir un pont entre les étudiants d’Europe et des Etats-Unis. Aujourd’hui son réseau couvre cinquante pays, dont la Chine depuis peu.
Dans cet inventaire à la Prévert, il ne faut pas oublier l’Association "La Dictée qui Chante" basée à Saint-Capraise de Lalinde, dans le bergeracois. Elle lutte contre l’illettrisme et aide à la scolarité. Elle s’applique par ailleurs à faire aimer la lecture, la chanson et la poésie dans des ateliers ludiques animés par des bénévoles.
Le Groupe Esperantiste Périgourdin tenait un étale, lui aussi, où l’on pouvait lire les aventures de Tintin ou d’Astérix en espéranto. L'esperanto est une langue qui fut inventée de toutes pièces entre 1870 et 1880 par un auteur polonais dénommé Ludwig Lejzer Zamenhof. Il avait le projet de faciliter la communication entre personnes de langues différentes sur tout le globe terrestre. Sa création n’est pas devenue la langue d’échange internationale rêvée, mais n’a pas disparu pour autant. Deux millions de personnes la pratiquent, résolument, ce qui en fait la plus répandue des langues construites à ce jour.
Jacques Saraben, professeur d'anglais, photographe et peintre, avait quant à lui choisi de venir raconter l'origine des signes de l'écriture chinoise, expliquant qu'ils ont dû émerger à l'origine de motifs naturels, perceptibles par exemple sur des écailles de tortue, des empreintes de pas ou des rugosités de la pierre, et se sont stylisés et épurés au cours du temps et en fonction des outils utilisés pour devenir les idéogrammes actuels. Il exposait toute la poésie et la rigueur contenues dans les gestes nécessaires à l'art de la calligraphie chinoise, à la frontière entre l'écriture, la peinture et... la danse.

Enfin les défenseurs de l’occitan étaient présents grâce à l’ASCO, l’Atelier Sarladais de Culture Occitane, qui présentaient de nombreux ouvrages et le programme de ses ateliers pour apprendre l’Occitan. Daniel Chavaroche, occitaniste distingué et savoureux conteur d’histoires de lébéroux et autre créatures à deux ou quatre pattes issues de nos campagnes, était venu lui aussi. Il nous fit part des résultats d'une information passée sous silence et pourtant édifiante pour tous ceux qui sont attachés à la pérennité de la langue d’Oc, langue du terroir devenue il y a mille ans l’une des principales langues de culture européenne : un rapport, commandé par le Conseil Général de la Dordogne à la fin des années 90 établit que 34% des Périgourdins parlent la langue d’Oc et que 54% la comprennent. Si l’enseignement dans les écoles était enfin la règle, il n’y aurait plus qu’un pas pour renouer avec la langue maternelle de nos grands parents…

Si, comme le propose Annie Ernaux, écrivain, « désirer savoir est la forme même de la vie et de l’intelligence », toutes les associations présentes pour ce troisième Forum des Langues au Bugue en donnaient à leur façon les moyens.

Sophie Cattoire

A.R.A.C. Association des Résidents et Amis du C.A.F.I.
Centre d’Accueil des Français d’Indochine,
47110 Sainte-Livrade, http://aracafi.free.fr
Café le Lébérou,
5, rue Jean-Jacques Rousseau, 24200 Sarlat.
Tel : 05 53 29 40 31
Périgord Québec, Régionale de France Québec.
Contact : Maurice Teulet, Leymonie, 24100 CREYSSE.
Tel / fax : 05 53 57 42 02
Y.F.U., Youth For Understanding,
74, avenue Blanche, 75009 Paris.
Tel : 01 45 26 37 38 fax : 01 45 26 35 25,
e-mail : info@yfu-france.org
Site internet : http://www.yfu-france.org
Association La Dictée qui Chante,
Port de Lanquais, 24150 Saint-Capraise de Lalinde.
Tel : 05 53 61 64 91, fax : 05 53 61 64 91.
e-mail : ladicteequichante@wanadoo.fr
G.E.P., Groupe espérantiste périgourdin.
Contact : José Manuel Soria,
résidence Paul Bert, chemin de halage,
24000 Périgueux. Tel : 05 53 06 77 68.
A.S.C.O. Atelier Sarladais de Culture Occitane,
Présidente : Monique Roulland,
Les Presses, 24200 Sarlat la Canéda.
Tel : 05 53 30 38 99 / 05 53 31 19 67.
Site internet : http://www.asco-sarlat.com/
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