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FIPA de Biarritz
24e édition
Une moisson de films dont nos enfants pourront être fiers

Les images d'aujourd'hui sont les archives de demain. Alors pourquoi ne pas laisser des traces dont nous serons fiers ? C'est cette idée qui a manifestement guidé le tournage de nombreux films et documentaires présentés cette année au Festival International des Programmes Audiovisuels de Biarritz (FIPA), ce qui a produit des films emplis du courage de dire et du devoir d'espérer.

Au programme 300 films (documentaires, séries et fictions) visibles par les professionnels dont 68 films en compétition plus 57 hors compétition projetés pour les festivaliers. Parmi ceux-ci, 8 films soutenus par la Région Aquitaine selon des processus exposés lors de la journée professionnelle régionale organisée précisément dans le cadre du FIPA par l'agence ECLA (Écrit Cinéma Livre Audiovisuel) en charge, pour son département audiovisuel et cinéma, du développement de la filière en Aquitaine.

Durant sept jours, le FIPA a également favorisé des rencontres informelles entre auteurs, réalisateurs, producteurs et diffuseurs, ponctuées par des tables rondes rassemblant ces différents partenaires pour préparer l'avenir et notamment faire face à l'émergence des récents web programmes qui obligent à repenser les équilibres économiques en place.

Ce qui restera du cru 2011 ? Une claque, franche et vivifiante, pas seulement liée aux embruns qui vous frappent sur la côte basque en plein hiver, mais bien plus profondément, le choc de films courageux, sans détours ni langue de bois ; une vraie télé de la réalité. Celle qu'on aimerait voir à jet continu sur nos petits écrans qui en sortiraient assurément grandis.



IL NOUS FAUT DU FIPA

"C'est fou les beaux films et documentaires qu'on peut voir ici. Pourquoi ne les voit-on pas tous à la télé ?"

Prêts à foncer, les festivaliers posent d'emblée la bonne question. Nous ne verrons pas tout sur nos chaînes françaises parce que la sélection réalisée à l'international par l'équipe du FIPA est un éventail idéal qu'aucun diffuseur national ne pourrait rassembler. Le FIPA l'a fait pour eux précisément pour qu'au Fipatel, lieu de visionnage dévolu aux professionnels, les programmateurs des chaînes européennes puissent faire leur marché. Quant aux festivaliers, ils ont accès à 125 programmes et c'est déjà bien plus qu'on ne peut en voir en une semaine. Alors, vivons ce FIPA à fond car tout y est : festivaliers, salles de ciné, présence en avant-séance de nombreux réalisateurs et producteurs, compétition par genres avec soirée de clôture glamour éclairée par des visages connus : Alexandra Stewart, Marushka Detmers, Elizabeth Vitali, Samuel Labarthe, Bernard Menez. Bref, à Biarritz, pour bien commencer l'année, tous les ingrédients d'un grand festival de cinéma sont réunis. La seule différence c'est donc que les films projetés sont destinés directement à la télévision, sans sortie préalable en salles.

FIPA D'ARGENT du documentaire de création et essais :
"MIEHEN KUVA" (Portrait d'un homme) de Visa Koiso-Kantilla
production : Guerilla Fims Ltd (Finlande)

Tout ça pour dire qu'il faut parfois se pincer pour se rappeler qu'on est pas face à du septième art patenté. Surtout devant certaines prouesses d'intelligence et de sensibilité comme l'incroyable film finlandais qui a décroché le FIPA d'Argent du documentaire de création cette année :

"MIEHEN KUVA" (Portrait d'un homme) de Visa Koiso-Kantilla, une production Guerilla Film Ltd. Un caméraman et un preneur de son accompagnent, sans script, le vrai cheminement d'un homme qui, à quarante ans, entreprend de chasser ses démons. Son père s'est suicidé alors qu'il avait sept ans, il élève seul son fils, il sait qu'il boit trop. Il va marquer une pause dans sa vie, aller revoir ceux qui ont connu ses parents, tenter de comprendre et même aller jusqu'à l'endroit, l'atroce grenier de tous ses cauchemars, où son père s'est tiré une balle dans la tête. Les dialogues, la mise en scène, la psychologie des personnages, qui n'ont donc pas été écrits mais sont le fruit d'une captation du réel, sont si forts, si proprement cinématographiques qu'on est totalement bluffé. Plus que tout, le partage de ces moments incroyables est perceptible entre cet homme filmé et l'équipe qui le suit, légère mais si réconfortante. Il y a cette scène où le héros, dans tous les sens du terme, revient enfin sur la tombe de son père, après la vision du grenier. Il est si bouleversé, il fait volte face et se dirige d'un coup vers le preneur de son, la perche, le casque et le magnéto en bandoulière, pour le serrer de toutes ses forces dans ses bras :

 

"Merci de m'accompagner, ce serait trop dur sinon, merci d'être là."

 

Un long silence infiniment tendre suit, qui n'a rien d'artificiel. Là résolument, le réalisateur a laissé la fiction émerger du réel, comme le prescrivait la nouvelle vague dans les années 60, en cherchant à mettre en scène le quotidien, mais sans avoir envisagé de filmer au quotidien la vie telle qu'elle vient. Plus tard, la caméra sur pied probablement, filme au loin les trois hommes qui se déshabillent avant se plonger à tour de rôle dans la rivière. Vers la fin du film, ce père apaisé retrouve son fils et trouve enfin les mots pour le rassurer :


"Oui, mon père s'est suicidé, mais je te promets que moi je ne le ferai jamais."

 

Voilà, la malédiction est rompue. Ils sont tous deux au bord d'un lac et se parlent dans cette langue finnoise que parlent aussi plus au Nord les éleveurs de rennes lapons, assis au bord des glaciers, en harmonie avec la nature autour et à l'intérieur d'eux-mêmes.

Et si filmer c'était comprendre, prendre avec et transporter intacte, par la magie de la capture de ce qui n'existe déjà plus, la flamme si fragile de ces instants de grâce ?

C'est à Teresa Cavina, déléguée générale du FIPA, que fut confiée la mission de visionner plus d'un millier de films pour en retenir une centaine. Elle a choisi de nous faire partager ce qui l'a vraiment transportée ailleurs, justement sur la scène de ces instants uniques, si parfaitement restitués. Écoutez le très bel entretien qu'elle nous a accordé à ce sujet. Il illustre bien l'engagement humain qui prévaut nécessairement à l'élaboration de ce type de programmation.

Que ce film ait reçu le FIPA d'Argent reflète bien toute la vitalité, l'audace et l'humanisme du FIPA. Il semble juste aussi, au regard de ce qu'est devenue la production des films scandinaves depuis une vingtaine d'années, de rendre hommage au Festival du Film Nordique de Rouen, première grande fenêtre offerte historiquement à ces productions de la partie la plus septentrionale de l'Europe.

FIPA D'OR documentaires de création et essais :
"DREAMING NICARAGUA" de Marcelo Burkin
production : Fabretto Children's Foundation (États-Unis)

Le confort matériel n'exclut pas les démons. Le manque de tout n'exclut pas les passions. De nombreux films nous ont ainsi génialement secoués en nous montrant le combat pour la vie, plus fort que tout. Des films engagés, terribles et lumineux à leur façon. Un très bel exemple est celui du film : "DREAMING NICARAGUA" de Marcelo Burkin, une production Fabretto Children's Foundation (Etats-Unis), une association qui lutte concrétement pour la santé et l'éducation d'enfants vivant dans des villages très pauvres du Nicaragua. Le réalisateur les dévore des yeux, eux sont heureux de rire et de rêver à voix haute face à cet objectif qui les rend soudain si importants. En toile de fond, un professeur de dessin muni de ses seaux de peinture leur explique, à la façon d'Albert Jacquard, qu'il sont tous des merveilles et que le soleil qui est en eux ne demande qu'à jaillir de mille couleurs.

Voilà encore un film sans script, des instants spontanés saisis grâce au temps passé et à la bienveillance sincère, la disponibilité du regard et du cœur.

Le montage, drôle, incisif, astucieux, fait le reste et le voyage démarre d'emblée sans jamais nous laisser en chemin. Il y aura des scènes à vrai dire à pleurer, des enfants qui ont faim, qui se grattent, des familles qui font leurs seules courses sur d'énormes décharges envahies de mouches mais toujours, l'entraide, l'humour pour sauver la dignité. Et surtout, au cours du générique de fin, la preuve qu'il ne s'agit pas d'un voyeurisme ponctuel mais bien d'un vrai témoignage pour avancer. On y apprend que les enfants ont pu être soignés, scolarisés, et que l'association Fabretto ne les a pas laissés tomber.

Une association que vous pouvez contacter à Madrid auprès de Patricia Aragones, grâce au website : www.fabretto.org

L'ECLA DE LA RÉGION AQUITAINE

Huit films soutenus par la Région Aquitaine étaient présents au FIPA cette année. Une représentation notoire qui récompense le travail de fond entrepris par la Région Aquitaine depuis déjà vingt-cinq ans pour développer la production audiovisuelle. Ce travail est confié depuis l'an dernier à la nouvelle agence dénommée ECLA (Écrit, Cinéma, Livre, Audiovisuel) dont le Pôle spécifiquement cinéma et audiovisuel est dirigé par Jean-Raymond Garcia. Toute l'équipe d'ECLA avait fait le voyage jusqu'à Biarritz cette année pour présenter de façon complète et concrète un premier bilan et les perspectives de déploiement de son champ d'action qui poursuit trois missions essentielles :

  • le soutien du cinéma et de l'audiovisuel
  • l'accompagnement de la filière professionnelle
  • l'action culturelle cinématographique
  • l'éducation aux images.

À la faveur de l'entretien qu'il nous a accordé à Biarritz, Jean-Raymond Garcia explicite ces différents points, afin que l'information circule de la façon la plus naturelle qui soit.

 

Ndlr : c'est le grand bonheur de notre web tv www.albuga.info que de pouvoir pratiquer l'écologie dans le journalisme, c'est-à-dire respecter la nature humaine, en la laissant s'exprimer sans la dénaturer.

NOUVELLES FORMES DE CRÉATION SUR LE WEB

Au FIPA, on voit force films et entre deux s'opèrent des rendez-vous importants, rassemblant tous les acteurs de la création audiovisuelle pour débattre des grands sujets du moment. Parmi ceux-ci, la question de l'émergence de nouveaux programmes, conçus spécialement pour le web. Des web séries notamment qui inventent une nouvelle écriture intégrant l'interactivité qu'offre le support, avec pour le spectateur la possibilité par exemple de se déplacer librement dans l'histoire, de suggérer des rebondissements ou de choisir lui-même la fin. Sur le plan de la création, c'est un champ des possibles fascinant, où l'innovation a toute sa place. Reste à lui trouver un modèle économique, en complément des autres médias.

Dans le monde de la production – cinéma, télévision – l'aval finance l'amont; c'est-à-dire que le flot de création est nourri par les recettes de la diffusion et de la distribution. Comme le web est le plus souvent gratuit en consultation, il ne peut à ce jour alimenter cette chaîne. Comme l'indique Hervé Rony, directeur général de la SCAM :

 "La démultiplication des expositions, des diffusions sans aucune retombées risque de déséquilibrer la filière de production."

D'où la nécessité de se saisir dès à présent du web pour créer à l'échelon national ou européen un véritable portail, solide, moteur, pour faire face aux géants américains en la matière. On sait qu'il existe alors un gisement de ressources publicitaires non négligeable.

Le CNC, qui par vocation encourage la création, est déjà engagé dans une véritable dynamique de soutien des programmes pour le web. Eric Garandeau rappelle que 180 projets – web fictions, documentaires, magazines et spectacles – ont déjà bénéficié d'aides sélectives pour un montant total de six millions d'euros, coup d'envoi d'une politique d'aide à long terme :

 

"Ce nouvel horizon qui s'ouvre avec le numérique est une chance pour le renouvellement de la création audiovisuelle française et pour le rayonnement de notre production sur la scène internationale."

 

Il indique par ailleurs que l'ouverture du COSIP automatique aux nouveaux réseaux est imminente, la publication du décret au Journal Officiel est une affaire de jours.

Invité à faire entendre sa voix lors de cette table ronde intitulée : "Télévision de demain, la création sera-t-elle connectée ?" organisée par le FIPA au casino de Biarritz ce vendredi 28 janvier, Dimitri Grimblat, web auteur et réalisateur du web documentaire "En quête de héros", souligne la richesse de cette nouvelle approche en terme d'écriture :
 

"Les web séries nous permettent de créer avec le spectateur, ce qui ouvre un univers inexploré."

À terme, l'un des enjeux de l'évolution de la production audiovisuelle consistera donc à intégrer ces nouveaux programmes conçus pour le web, nouvel espace de créativité.

 

Sophie Cattoire

NB : Pensez bien à feuilleter tout l'album des photos en plein écran car il y en a plus que celles visibles sur les quatre pages.

Vous trouverez ci-dessous :

  • le Palmarès du FIPA 2011
  • la liste des huit films soutenus par la Région Aquitaine présentés au FIPA

PALMARES FIPA 2011 (pdf)

Palmarès en ligne sur le site du FIPA

liste des huit films soutenus par la Région Aquitaine présentés au FIPA

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