LES SALAMANDRES N’AIMENT PAS L’EAU CHAUDE
Par leur présence et celle d’autres merveilles animales et végétales, les salamandres
ont obtenu le classement de leur vallée de la Beune en site Natura 2000, ce qui
impose le respect de leur écosystème. On y développe donc un chantier vert où tous
les rejets sont maîtrisés et tous les déchets recyclés. Et cette démarche sera durable.
Le bâtiment sera certes un ruban de lumière mais éclairé à l’extérieur par des diodes
électroluminescentes froides, qui ne risqueront donc pas de réchauffer l’eau de
la rivière à ses pieds. Les salamandres pourront donc se reproduire, certes dans
un halo tamisé, mais au frais.
UN RUBAN DE LUMIÈRE EN FLOTTAISON SUR LES CRUES DE LA BEUNE
Long de 120 m, le centre d’accueil du Pôle International de Préhistoire sera accessible
par une passerelle qui enjambera la Beune et se trouvera comme en flottaison les
jours de crue, ce qui a été simulé bien sûr pour que l’effet visuel soit fort et
que rien n’altère la bâtisse. Posée sur des pilotis de béton appelés micro pieux
qui peuvent en réalité être longs de 20 m, la structure est encastrée au nu du rocher
où, après décaissement, un mur de soutènement de 150 m de long a tout d’abord été
édifié au bord de l’ancienne rue du moulin. Ainsi, le ruban ondulera-t-il au pied
de la falaise et à fleur de rivière dans une modestie peu commune et un vrai souci
d’entrer dans le paysage plutôt que de l’écraser.
L’ARCHITECTURE DU FUTUR POUR LA SCIENCE DU PASSÉ
Pour autant, l’architecture du bâtiment est résolument futuriste. Toutes de verres,
les parois n’auront rien d’une cité troglodytique pastichée. C’est justement cette
confrontation entre science fiction et science du passé qui a été voulue, car la
préhistoire elle aussi est une science sans cesse renouvelée, dans ses méthodes
comme dans ses théories, une science vivante qu’il va s’agir de mettre enfin à la
portée de tous.
TRANSMETTRE UN HÉRITAGE UNIVERSEL
C’est la grande idée de tout ce beau projet porté depuis sept ans par Bernard Cazeau,
président du Conseil Général de la Dordogne et soutenu par l’État et par la Région
Aquitaine. Bernard Cazeau a toujours clairement milité pour un vrai partage des
connaissances, estimant qu’il s’agit - particulièrement en ce qui concerne nos
origines - d’un héritage de nature universelle et qu’aucun humain tout savant qu’il
soit ne peut s’en croire le seul détenteur patenté. Tendre avec les salamandres,
le ruban de lumière n’hésitera pas à mettre un grand coup de pied dans la fourmilière.
Ici on parlera dans un langage attractif et clair, avec là aussi toutes les technologies
nouvelles qui font de la communication un bonheur facile à partager. Nous avons
hâte d’y goûter. Ce sera dans un an à peu près. Nous aurons alors la chance de voir
à l'œuvre une innovation architecturale tout à fait raisonnable sur le plan de
la consommation d’énergie. Chaufferie au bois, isolation par l’inertie même du bâtiment
et renouvellement de l’air avec récupération de chaleur seront actives alors même
qu’en toute insouciance nous remonterons le cours du temps vers nos origines, à
bord d’un vaisseau immobile, noble et fier.
Sophie Cattoire
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