C'est un oiseau, une caméra sur le front, l'autre sur le ventre. Au sol, un pilote
chevronné reçoit son image frontale et peut ainsi entrer dans les plumes de l'oiseau
et « tenir le manche ». La seconde, orientable, filme ce que le chef opérateur choisit
de cadrer depuis ce point de vue plus encore qu'aérien, céleste, volatile, capable
de décoller comme une fusée, tournoyer comme une buse ou fondre comme un faucon
sur sa proie, bref, capable de voler follement dans le grand bal des oiseaux. Alors,
le regard du spectateur décolle, vibre, palpite jusqu'au vertige, parfois.
Ce drone longe de bas en haut la Roque Saint-Christophe, forteresse troglodytique
balafrée de ce fameux « boulevard de l'humanité » où celle-ci se presse effectivement
depuis la nuit des temps, et l'on retrouve juché sur la plus haute terrasse, très
étroite, le valeureux Jean-Max Touron, dos au précipice, revendiquant fièrement
son appartenance à ce peule des falaises dont ses aïeux ont exhumé ce « Machu Picchu » périgordin.
Face à lui, adossé à la falaise, intrépide mais prudent, Éric Perrin l'écoute et
savoure l'instant. Car cet oiseau, c'est bien autour d’Éric qu'il tourne et virevolte.
Il est le passeur de cette très belle série incarnée intitulée « Cap Sud Ouest »
développée par Claire Combes, qui l'avait initiée à France 3 Limousin, et qui prit en main les destinées de France
3 Aquitaine au printemps dernier. Une série innovante dans sa forme, élégante,
enlevée, et profonde dans son approche. Dire l'essentiel, aller droit au but, dans
la force, dans l'instinct, et insuffler le désir de venir et d'aller plus loin.
Un battement d'aile pour un effet papillon, donner des ailes d'anges à nos imaginations.
Le plus fascinant, c'est que tous ces édifices, cité troglodytique, jardins, châteaux,
ont été réalisés pour une perfection vue du ciel que n'ont pu qu'imaginer leurs
bâtisseurs. Grâce soit rendu à ce drone qui révèle aujourd'hui, et à toutes les
hauteurs, leur visionnaire splendeur.
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