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LA SAGA DES CALVIMONT
UNE ENQUÊTE DE PHILIPPE ROUGIER

Chronique authentique et romanesque d’une lignée noble issue du Périgord noir depuis son ascension à la Renaissance jusqu’à sa disparition en 1900.

Un piano et un château, même à distance, peuvent faire merveille. C’est l’histoire d’un petit garçon fasciné par le château de l’Herm, il est vrai fantastique dans le tableau de Michel Négrier où les arbres susurrent leurs complaintes aux pierres qui savent tout de son passé, ses fastes mais aussi le drame qui s’y est déroulé, l’assassinat de la pauvre Marguerite de Calvimont commandité par son époux. Un château autour duquel innocemment l’enfant furète chaque fois qu’il séjourne dans la maison de famille située non loin. Son sixième sens aux aguets, le jeune Philippe observe et enregistre ce qui sera le questionnement d’une vie. En grandissant, une autre passion l’anime, le piano et, singulièrement, Claude Debussy, son idole. Devenu adulte à Paris, il rentre de plus en plus souvent au pays et parvient un beau jour à réunir ses deux amours. Au Musée Labenche de Brive, fleuron de l’architecture civile Renaissance, il approche en 2009 le piano de Debussy qui fait désormais partie des collections. Moment d’une extrême magie pour un authentique mordu. Surgit alors au détour d’une conversation des plus fructueuses avec Claire Moser Gautrand, conservateur territorial en chef et responsable du Musée, une idée aussi inédite qu’audacieuse. Tous deux savent que La Labenche, associé au nom des Calvimont, seigneurs de la Labenche donc, est bien ce ruisseau qui prend sa source à Rouffignac pour se jeter dans le Manaurie, après avoir roulé sous la célèbre grotte aux cent mammouths, la grotte préhistorique ornée de Rouffignac. Philippe Rougier explique alors qu’il enquête sur cette dynastie périgordine depuis longtemps déjà, aux côtés de Marie et Dominique Palué, propriétaires du château de l’Herm, qui ont entrepris un ambitieux programme de fouilles pour en restituer toute l’histoire. Ensemble ils décident de préparer une exposition afin de rendre compte de ces recherches et de la présenter dans le Musée Labenche d’art et d’histoire de Brive. Ainsi depuis le 27 mai 2011 se trouve révélée, dans la maison noble qu’ils firent bâtir en Limousin, la véritable histoire de la dynastie des Calvimont, celle-là même qui fit édifier en Périgord le château de l’Herm et qui vécut dans les châteaux de Campagne et de Belcaire ainsi que dans la Maison Forte de Reignac. Une famille qui fut du Moyen Âge à 1900 omniprésente dans la vallée de la Vézère, depuis Saint-Léon jusqu’aux Eyzies, retrouvant sans le savoir dans ses pérégrinations les haut-lieux de la préhistoire voués à ne resurgir que bien plus tard.

Tombés eux aussi dans l’oubli, les Calvimont n’étaient connus que par bribes décousues. Grâce au travail minutieux et exigeant de Philippe Rougier et Marie Palué qui ont su écumer au long cours les archives départementales et nationales, à Périgueux et à Paris, toute la généalogie de la famille des Calvimont, seigneurs de La Labenche, se trouve rétablie. Et comme l’écrit Phillippe Nauche, Maire de Brive, en préface du catalogue de l’exposition :
« La lecture de cette histoire des Calvimont, seigneurs de la Labenche, riche, pédagogique, attrayante, saura séduire tant le passionné éclairé que le néophyte, en dressant par surcroît – et ce n’est pas la moindre de ses qualités – à travers l’étude d’une généalogie d’exception, le portrait évolutif des institutions de notre pays et une partie de l’histoire de ses faits sociaux. »

Frappée par différents épisodes sanglants, cette famille noble donnera par ailleurs naissance à l’un de nos grands humanistes français, Etienne de la Boétie qui déclarera :

« Point n’est homme de bien qui oserait prétendre que lui est inconnu le nom des Calvimont. »

Le voici exaucé grâce au travail d’historien accompli par Philippe Rougier et présenté à Brive jusqu’au 31 août 2011. Espérons que cette enquête exclusive sera prochainement visible dans la Vallée de la Vézère, fief des Calvimont. En avant-goût, c’est Philippe Rougier lui-même qui nous en livre les principaux épisodes. Je lui cède bien volontiers la plume, à présent.

Sophie Cattoire

LES CALVIMONT SEIGNEURS DE LA LABENCHE

Lorsque vous avez visité les châteaux et églises du Périgord noir, vous avez entendu plus d’une fois le nom de riches seigneurs qui les ont construits ou embellis : les Calvimont. En longeant la Vézère, on passe par leurs seigneuries de La Roque Saint-Christophe et de Tursac, on admire leurs châteaux de Belcaire et de Campagne et leur maison noble de Reignac, on distingue leurs armoiries dans l’église du Moustier. Ces mêmes armoiries se retrouvent au château de l’Herm, édifié par les Calvimont ainsi que celui de Chabans. La famille posséda encore d’autres propriétés en Périgord, aujourd’hui disparues comme le château de Saint-Martial de Nabirat ou la maison noble de la Labenche à Fleurac. En dehors de notre province, des membres de la famille ont aussi élevé des demeures magnifiques : le château des Tours à Montagne-Saint Emilion en Gironde, et la maison de la Labenche à Brive. Ce somptueux hôtel Labenche est maintenant le siège du Musée d’art et d’histoire de la ville de Brive. Il abrite actuellement une exposition retraçant la saga de la famille de Calvimont. Des études locales avaient été tentées, dans tel ou tel secteur géographique, aux XIXe et XXe siècles. Mais l’exposition est la première occasion de présenter une vue d’ensemble sur les diverses branches de la famille au cours des siècles.

L’histoire se déroule sur près de cinq cents ans. L’ancêtre commun vivait à Plazac au XVe siècle. Il était notaire pour la commanderie de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem à Condat. Ses fils appartiennent à la première génération qui n’a pas connu la guerre de Cent Ans. Avec eux commence l’ascension sociale de cette famille de hauts magistrats. Ils acquièrent des terres nobles non loin de Plazac : les châteaux de Chabans et du Cheylard à Rouffignac resteront longtemps propriétés de la famille et en 1500 débute la construction du château de l’Herm, aussi à Rouffignac. Sous le règne de François Ier, Jean de Calvimont, seigneur de l’Herm et président au parlement de Bordeaux, est envoyé comme ambassadeur du roi auprès de Charles Quint. Toujours à la Renaissance, la famille compte aussi deux poètes, Guillaume de Calvimont et Etienne de La Boétie. À cette époque d’opulence succèdent cinquante ans de drames. En 1605, l’arrière-petite-fille du constructeur de l’Herm, Marguerite de Calvimont, est assassinée au château sur ordre de son époux. Plus d’une dizaine de meurtres suivront dans une ambiance de cape et d’épée. Des guerres de clans familiaux opposent les riches parvenus récemment anoblis et porteurs des valeurs de justice et d’humanisme, aux familles de l’ancienne aristocratie. Quatre Calvimont succombent sous la main des représentants des maisons d’Hautefort et d’Aubusson.

On ne peut manquer d’évoquer la figure de Madame de Calvimont, maîtresse du prince de Conti, qui fut à l’origine du succès de la troupe de Molière.

Au XIXe siècle, trois membres de la famille de Calvimont se distinguent par leur attachement à la couronne. Dès 1811 – sous l’Empire - Jean François de Calvimont est à la tête d’un groupe de royalistes qui s’attaquent aux convois de fonds dans la forêt Barrade. Vingt ans plus tard, après la prise de pouvoir par Louis-Philippe, Albert de Calvimont sera un virulent défenseur de la cause légitimiste. Cet homme de lettres, auteur de nombreux articles et romans, produira même un livret d’opéra… avant de rejoindre le parti de Napoléon III. Son cousin Louis de Calvimont fut aussi un ardent défenseur des monarchies légitimes en Europe. La famille s’éteint avec le décès d’Antoinette de Calvimont en 1900.

L’exposition présente les objets mis au jour lors des fouilles archéologiques au château de l’Herm http://www.chateaudelherm.com/ et à l’hôtel Labenche ; des objets provenant du Musée Labenche, du Musée d’Art et d’Archéologie du Périgord, du Musée militaire de Périgueux, du Musée des Arts décoratifs de Bordeaux ; des documents prêtés par les Archives départementales de la Dordogne et de la Haute-Garonne et la Bibliothèque municipale de Périgueux. De nombreuses pièces sont aussi prêtées par de généreux collectionneurs privés parmi lesquelles des oeuvres originales de Maurice Albe et de Michel Négrier.

Philippe Rougier


Informations pratiques :
Exposition « Les Calvimont, seigneurs de la Labenche »
Une ascension sanglante du Périgord à Brive, XVe – XIXe siècles

Musée Labenche d’Art et d’Histoire. 26 bis boulevard Jules Ferry, 19100 BRIVE.
Du 27 mai au 31 août 2011, tous les jours sauf le mardi. Entrée libre.
Catalogue en vente au musée, 10 €.

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