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LA FAMILLE LOSTE, DYNASTIE PAYSANNE DU PÉRIGORD, CÉLÈBRE LES 80 ANS DE MARGUERITE

Marguerite Loste, jolie paysanne du Périgord Noir qui, l’espace d’une vie, a traversé un espace temps incroyable la transportant de la charrue aux O.G.M, cueilleuse de cèpes invétérée, manieuse de tronçonneuse experte – elle se chauffe au bois depuis toujours – a fêté ses 80 ans au milieu des siens : deux enfants, huit petits-enfants, dix arrières-petits-enfants qui lui avaient préparé un magnifique anniversaire à la salle des fêtes de Journiac, la couvrant de fleurs et de témoignages de tendresse.
Son fils Claude nous a confié le texte qu’il avait rédigé en secret pour l’occasion. Nous le publions ici avec joie car il retrace avec délicatesse tout l’itinéraire d’une mère à travers le siècle dernier, dans ce Périgord Noir qu’elle incarne si profondément.


 

Maman,

Aujourd’hui, 80 ans. Le 4 novembre 1926, tu naissais au Moulin Blanc à Rouffignac. Dés l’âge de 12 ans tu quittais l’école qui te faisait faire 4 kms à pied dans les bois. Tu quittais l’école pour t’occuper des frères et sœurs car tu étais l’aînée.
On t’appelait la « Nène », surnom dont tu avais horreur…
Tu commençais le travail de la terre, comme tu disais…
Vers 13 ans, avec toute la famille, tu viens à Fontvidal, Saint-Cyr. C’est ici que tu rencontres celui qui allait devenir notre père. Vous vous mariez en 1945. Petit mariage. La guerre vient de finir. Vous vous installez à Rottersac avec des moyens rudimentaires et, courageusement, vous commencez à exploiter ces friches.

10 avril 46, vous avez une volaille de plus puisque j’arrive pour agrémenter le troupeau.
30 septembre 48, c’est Michel, et voilà la basse-cour est au complet, pleine de bonheur.
Mais voilà, papa devient infirme en 50, alors là, les rôles sont inversés. C’est toi, maman, qui prend la queue de la charrue à brabant, qui trais les vaches, gaves les canards, charges les charrettes de foins, tous les travaux lourds, et papa prend la queue de la poêle, s’occupe de nous, et cherche les truffes, la chasse et la pêche, les petits travaux, notamment garder les vaches et les moutons.

Souvent les oncles et tantes sont là pour t’aider… Je pense à La Ferrassie et à tes sœurs qui ne sont pas là aujourd’hui.

Maman, nous te remercions de nous avoir enguirlandés chaque fois que nos notes à l’école baissaient… Tu ne voulais pas que l’on soit comme toi, juste lire et écrire, toi qui avait rêvé de tout apprendre, tu ne voulais pas que l’on tienne le manche de la pioche et la queue du brabant (entre parenthèse, un des deux ne l’a pas fait mais l’autre les a remplacés par une clef à molette et le volant du tracteur…) Je me souviens, j’avais obtenu une note qui me faisait deuxième sur trois, pour un demi point (82,5 sur 100). La première, Mauricette avait eu 83 ! Alors là, le soir même tu es allée voir, à Saint-Avit-de-Vialard, l’institutrice, ça avait bardé au souper pour mes oreilles…

Malgré tout cela, nous avons passé une enfance heureuse, nous avons tous les quatre vécu avec peu, beaucoup de travail, mais du bonheur. Les bonnes soirées de Noël ou du 1er de l’an, où à effeuiller le tabac avec les Janvier, nos voisins d’autrefois … les parties de « bourre » et l’été les haricots verts, pardon, les « coutellous », les champignons, c’est toujours d’actualité, et notre première communion, le plus grand repas de famille… Et puis « Claude, si tu as ton certif, on vend une vache s’il le faut mais tu auras une mobylette, de même pour Michel.»

Quand je suis parti au service militaire, je me rappelle, toi et papa, vos larmes… Au retour, je quittai peu à peu la ferme pour la Poste, Michel restait chez vous.

Quelle fut ma joie lors de nos mariages ! Tu allais avoir les deux filles dont tu avais toujours rêvé jeune, avoir des « pisseuses »…

Maman, des joies tu en as connues, mais des malheurs aussi. Je n’en citerai que deux. Le 21 juin 74, papa nous quittait, un mois avant que je ne revienne en Dordogne. Et cette année, tonton Jacques, ton petit frère. Tous les deux nous manquent aujourd’hui.

Quand tu as eu ta retraite, tes plus grandes distractions furent ton sacré jardin, tes lapins et poulets, les champignons, bien sûr, mais surtout les voyages avec tes gardes du corps : Thérèse et Paulette et ta petite cour : tes sœurs …Tu as fait ton baptême de l’air avant nous tous. Le tour… du monde puisque tu es à la pointe du progrès, tu es sur internet...

Et le voyage du mardi au Bugue, avec Ralf et Elga, tes voisins aujourd’hui. Mais ton premier grand voyage fut pour Paris, pour découvrir un sacré champignon. Le 16 février 1972, naissance de ta première petite fille. Première d’une grande série… le facteur a sonné 5 fois, chez Michel que trois…. faute de gasoil… ou trop de travail.

Alors Valérie arrive suivie de Nadège, Jean-Christophe, Cyril, Bénédicte, Sandrine, Marie et Pierre.

16 septembre 98, deuxième série, tu étais arrivée grand-mère. Voici Emilie, Antonin, Paul, Martin, Lorine, Romane, Kassandra, Lysendre, Constance et la dernière : Solène.

Quelle liste ! Pour tes 90 ans peut-être elle sera doublée …

Maman, avec les 4 roses que tous les 20 nous t’offrons, nous te souhaitons un joyeux 80ième anniversaire.

Merci pour tout.

Ton fils, Claude Loste

Nous remercions toute la famille Loste de nous avoir conviés à cette très belle fête de famille.

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