Maman,
Aujourd’hui, 80 ans. Le 4 novembre 1926, tu naissais au Moulin Blanc à Rouffignac.
Dés l’âge de 12 ans tu quittais l’école qui te faisait faire 4 kms à pied dans les
bois. Tu quittais l’école pour t’occuper des frères et sœurs car tu étais l’aînée.
On t’appelait la « Nène », surnom dont tu avais horreur…
Tu commençais le travail de la terre, comme tu disais…
Vers 13 ans, avec toute la famille, tu viens à Fontvidal, Saint-Cyr. C’est ici que
tu rencontres celui qui allait devenir notre père. Vous vous mariez en 1945. Petit
mariage. La guerre vient de finir. Vous vous installez à Rottersac avec des moyens
rudimentaires et, courageusement, vous commencez à exploiter ces friches.
10 avril 46, vous avez une volaille de plus puisque j’arrive pour agrémenter le
troupeau.
30 septembre 48, c’est Michel, et voilà la basse-cour est au complet, pleine de
bonheur.
Mais voilà, papa devient infirme en 50, alors là, les rôles sont inversés. C’est
toi, maman, qui prend la queue de la charrue à brabant, qui trais les vaches, gaves
les canards, charges les charrettes de foins, tous les travaux lourds, et papa prend
la queue de la poêle, s’occupe de nous, et cherche les truffes, la chasse et la
pêche, les petits travaux, notamment garder les vaches et les moutons.
Souvent les oncles et tantes sont là pour t’aider… Je pense à La Ferrassie et à
tes sœurs qui ne sont pas là aujourd’hui.
Maman, nous te remercions de nous avoir enguirlandés chaque fois que nos notes à
l’école baissaient… Tu ne voulais pas que l’on soit comme toi, juste lire et écrire,
toi qui avait rêvé de tout apprendre, tu ne voulais pas que l’on tienne le manche
de la pioche et la queue du brabant (entre parenthèse, un des deux ne l’a pas fait
mais l’autre les a remplacés par une clef à molette et le volant du tracteur…) Je
me souviens, j’avais obtenu une note qui me faisait deuxième sur trois, pour un
demi point (82,5 sur 100). La première, Mauricette avait eu 83 ! Alors là, le soir
même tu es allée voir, à Saint-Avit-de-Vialard, l’institutrice, ça avait bardé au
souper pour mes oreilles…
Malgré tout cela, nous avons passé une enfance heureuse, nous avons tous les quatre
vécu avec peu, beaucoup de travail, mais du bonheur. Les bonnes soirées de Noël
ou du 1er de l’an, où à effeuiller le tabac avec les Janvier, nos voisins d’autrefois
… les parties de « bourre » et l’été les haricots verts, pardon, les « coutellous
», les champignons, c’est toujours d’actualité, et notre première communion, le
plus grand repas de famille… Et puis « Claude, si tu as ton certif, on vend une
vache s’il le faut mais tu auras une mobylette, de même pour Michel.»
Quand je suis parti au service militaire, je me rappelle, toi et papa, vos larmes…
Au retour, je quittai peu à peu la ferme pour la Poste, Michel restait chez vous.
Quelle fut ma joie lors de nos mariages ! Tu allais avoir les deux filles dont tu
avais toujours rêvé jeune, avoir des « pisseuses »…
Maman, des joies tu en as connues, mais des malheurs aussi. Je n’en citerai que
deux. Le 21 juin 74, papa nous quittait, un mois avant que je ne revienne en Dordogne.
Et cette année, tonton Jacques, ton petit frère. Tous les deux nous manquent aujourd’hui.
Quand tu as eu ta retraite, tes plus grandes distractions furent ton sacré jardin,
tes lapins et poulets, les champignons, bien sûr, mais surtout les voyages avec
tes gardes du corps : Thérèse et Paulette et ta petite cour : tes sœurs …Tu as fait
ton baptême de l’air avant nous tous. Le tour… du monde puisque tu es à la pointe
du progrès, tu es sur internet...
Et le voyage du mardi au Bugue, avec Ralf et Elga, tes voisins aujourd’hui. Mais
ton premier grand voyage fut pour Paris, pour découvrir un sacré champignon. Le
16 février 1972, naissance de ta première petite fille. Première d’une grande série…
le facteur a sonné 5 fois, chez Michel que trois…. faute de gasoil… ou trop de travail.
Alors Valérie arrive suivie de Nadège, Jean-Christophe, Cyril, Bénédicte, Sandrine,
Marie et Pierre.
16 septembre 98, deuxième série, tu étais arrivée grand-mère. Voici Emilie, Antonin,
Paul, Martin, Lorine, Romane, Kassandra, Lysendre, Constance et la dernière : Solène.
Quelle liste ! Pour tes 90 ans peut-être elle sera doublée …
Maman, avec les 4 roses que tous les 20 nous t’offrons, nous te souhaitons un joyeux
80ième anniversaire.
Merci pour tout.
Ton fils, Claude Loste
Nous remercions toute la famille Loste de nous avoir conviés à cette très belle
fête de famille.
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