Photos de l'article Imprimer l'article Accueil Fermer cette fenêtre Imprimer l'article Accueil

LES SANS BORNE DU DIABLE
RAID EXTRÊME À MIALLET

C’est au Bon Dieu qu’on attribue, comme chacun sait, le déluge. A Miallet, il semblerait que ce soit le Diable qui ait choisi de faire s’abattre des pluies torrentielles sur le paisible Périgord Vert la veille d’un 6 juin de l’an de grâce 2009 qui allait faire date. Résultat : pour sa 8ème édition, le Raid Extrême « Les Sans Borne du Diable » allait devenir plus héroïque que jamais, pour la plus grande joie des raiders venus là pour se confronter à leurs propres limites, d’une part, et pour en découdre avec Dame Nature, aussi impétueuse soit-elle, d’autre part. La nuit fut sans répit pour le staff d’organisateurs. L’orage puissant, démoniaque même, disons-le franchement, et son cortège de satanées pluies firent monter le niveau de la Dronne de 70 cm en quelques heures. L’importance de la crue fut jaugée dès 2h00 du matin par Serge Labadie, Eric Pezon, Grégory Mercier, Bruno Cheravola, bref, par toute l’équipe du service des sports du Conseil Général de la Dordogne, habituée à organiser des épreuves en pleine nature, audacieuses, certes, mais toujours sécurisées. Au petit matin, donc, tout était prêt pour déclencher le plan B. Devenues trop dangereuses sur une Dronne secouée par instants de rapides, les descentes en canoës furent remplacées au pied levé par des courses en trail ou en VTT. Les 34 équipes du Diable rassemblées dès 6h00 du matin sont informées de ces changements au cours du briefing du petit déjeuner. L’ambiance est tendue, et en même temps les yeux pétillent. Ils étaient tous venus pour l’extrême, ils allaient le rencontrer.



LA NATURE, C’EST BON QUAND C’EST DUR !

Dans les starting-blocks, les célèbres Fous de Bassin venus de la région d’Arcachon, déjà plusieurs fois vainqueurs de ce raid endiablé. Et puis, un nouveau venu, transfuge du cyclisme qu’il a fui après avoir dénoncé le dopage et s’être fait plein d’amis… Le grand et courageux Christophe Basson, venu ici chercher du sport authentique, sans trucage. Venu aussi pour tester la solidarité avec son coéquipier Pascal Boussague, raider invétéré déjà plusieurs fois sacré à Miallet. Tous deux allaient en avoir pour leur compte. Dès les premiers kilomètres en VTT, une mauvaise chute pour Pascal et sa cheville heurte de plein fouet le dérailleur. Aussitôt Christophe prend les choses en main et le pousse de son mieux. C’est ainsi qu’ils vont aller jusqu’au bout, avec une grosse douleur pour l’un et un très gros cœur pour l’autre. Bien sûr, le plus terrible reste à venir. La traversée de l’étang de Saud à la nage en tirant les deux VTT embarqués sur une bouée, d’interminables kilomètres à courir ou pédaler dans la boue bien collante, une terre "amoureuse" comme on dit chez nous en Périgord, le survol des torrents du Saut du Chalard, un remake façon Périgord vert des Chutes du Niagara, qu’il faut franchir sur un câble, tyrolienne inversée, à la seule force des bras. Une scène en décor naturel digne d'un grand film d’action. Une fois arrivés à Saint-Pardoux-la-Rivière, c’est l’ascension d’un filet si grand que nos héros semblent s’y accrocher comme de modestes araignées. Il est tendu entre le pont de chemin de fer et celui qui enjambe la rivière, dix mètres plus haut. Vu d’en haut, on mesure à quel point les raiders grimpent à pic. Pas question de flancher ou de regarder derrière soi, en bas.
« Je vais leur faire une blague, je vais me laisser tomber en arrière ! » nous glisse malicieux l’un deux, tout en chevauchant le parapet comme une fleur. Voilà nos raiders dans le feu de l’action. C’est dur et c’est bon. Et ils en redemandent. A Beynac, près du château, une autre surprise les attend. Un lac à traverser sur un filet entrecoupé de canoës. Les chaussures de VTT de Christophe sont prises au piège. Jamais il n’aura autant galéré. Il finit par les enlever et nous donne le spectacle d’une série d’invraisemblables roulés boulés, qui éclaboussent beaucoup sans pour autant le faire avancer.
« J’espère au moins que le spectacle vaut la peine ! » nous lance-t-il, voyant la caméra braquée sur ses efforts désespérés. Pascal quant à lui est obligé de nager au bord du filet, sa douleur lui interdisant dorénavant toute cabriole.

UNE AMITIÉ DE TOUS LES DIABLES

Après plus de sept heures d’efforts intenses, Christophe et Pascal franchissent la ligne d’arrivée. Boueux, trempés, exténués, ravis, au sommet. Ils se sont soutenus, ont testé leur force et leur amitié. Une douche… froide et nous les retrouvons en pleine forme, comme enchantés. La blessure de Pascal, une belle entaille, est soignée par la douce infirmière. Christophe nous dit son bonheur d’avoir retrouvé l’âme du sport, le vrai, celui sans concession, aux prises avec les éléments naturels. Le grand choc pour lui, ses yeux brillent. Il regarde avec une affection sincère son coéquipier qui lui décoche en retour un sourire du même acabit. Ces deux-là se sont trouvés, ils savent pouvoir compter l’un sur l’autre désormais. Un diable de réconfort après tant d’efforts, le goût de la vérité.

Sophie Cattoire


Copyright (c) Ferrassie-TV 2009 - 13 juin 2009 Photos | Sommaire