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LE DERNIER PAYSAN PRÉHISTORIEN
Prix du Meilleur Film pour la Recherche Créative
au Festival ICRONOS de Bordeaux

Faire sortir des livres et des publications pour initiés les épisodes truculents de l'histoire de l'humanité pour les donner à voir plusieurs jours durant sur grand écran gratuitement, tel fut le pari historique du festival ICRONOS de Bordeaux, pionnier en la matière. À l'occasion de sa 13e édition intitulée « Traces de Vie », le Prix du Meilleur Film pour la Recherche Créative a été décerné au film LE DERNIER PAYSAN PRÉHISTORIEN de Sophie Cattoire, tourné autour du personnage de Gilbert Pémendrant, dans sa ferme nommée « La Fuste » et dans sa grotte ornée de Bernifal, située l'une au dessus de l'autre en Dordogne, à Meyrals.
Une formidable reconnaissance de la profession – c'est-à-dire des scientifiques et des cinéastes – fort pertinente quant à son intitulé. Partager l'art des cavernes, sa magie, ses secrets, à la faveur du portrait d'un homme de la terre, Roi de La Fuste, Seigneur de Bernifal, lui accorder ses lettres de noblesse par une approche aussi respectueuse que soignée, au fil des saisons, au fil des années, c'est précisément en matière de film documentaire la recherche créative qui nous a animés.



LE SACRE DU ROI DE LA FUSTE, SEIGNEUR DE BERNIFAL :
GILBERT PÉMENDRANT, LE DERNIER PAYSAN PRÉHISTORIEN.

Je croyais jusqu'alors que c'était faire des films l'aventure humaine la plus exaltante. Journaliste de télévision pendant une première partie de ma vie, je laissais ensuite mes films partir sur les écrans en ayant toujours donné le meilleur de moi-même, mais sans réel feed-back au fil du temps. Grâce à Ferrassie TV, structure d'information et de production née d'un désir d'indépendance et de vérité, je m'aperçois à quel point après cette nouvelle approche au long cours – cinq années de rendez-vous réguliers à La Fuste et à Bernifal – combien donc le plaisir est décuplé lors des projections publiques de ce film documentaire où tout l'amour de la terre et des hommes quand ils sont beaux et fiers se trouve exprimé. Car en effet, bien que parfaitement consciente de tous les maux de la Terre, de tous les crimes présents ou passés, de la nécessité de les dénoncer pour ne plus recommencer, je crois dur comme fer que pour témoigner de ce que nous sommes, de ce que nous fûmes, il faut aussi donner la parole aux êtres débordants de lumière qui pourtant n'ont jamais droit à celle des projecteurs. Car les écouter, s'imprégner de leur joie de vivre, de leur sagesse, c'est faire naître l'espoir d'une vie meilleure ici et maintenant, ensemble. Et pourquoi pas ?

UNE RECONNAISSANCE DE LA PROFESSION ET DE LA POPULATION


Ce message, nous l'avons constaté dès l'avant première au Pôle International de la Préhistoire, passe à merveille. C'était bien sûr l'enjeu principal. Après une sortie nationale grâce à la revue Sciences et Avenir, après le Festival d'Amiens et la Mention Spéciale du Jury au Festival Objectif Préhistoire du Pech Merle, LE DERNIER PAYSAN PRÉHISTORIEN vient d'obtenir à Bordeaux un prix particulièrement emblématique. D'abord parce qu'il lui a été décerné par le Festival ICRONOS, pionnier dans l'approche plurielle de l'histoire de l'humanité par le septième art, et ensuite par sa dénomination. Le Prix du Meilleur Film pour la Recherche Créative couronne idéalement notre démarche. Traiter avec délicatesse, de façon raffinée et allant au-delà des clichés un sujet apparemment simple – un brave paysan pittoresque à la tête d'une grotte ornée – en amenant à réfléchir calmement sur des questions de fond : où sont nos traces de vie? Comment nous en imprégner ? À qui appartient le patrimoine de l'humanité ? Tel était bien le cœur de notre recherche. Nous lui avons donné une forme poétique, calme et posée, car de la bousculade et de l'agressivité, rien ne naît.
Gilbert Pémendrant avec un grand sourire et les yeux mouillés, face au public, est l'exemple vivant qu'il est possible de protéger ces fameuses traces si révélatrices de l'imaginaire des populations du passé et de les partager. Sa grotte restée absolument intacte accueille ceux qui font la démarche d'aller au cœur de la forêt explorer, à ses côtés, la seule caverne préhistorique ornée sans publicité.

LE DERNIER PAYSAN PRÉHISTORIEN PRÉSENTÉ
AU FESTIVAL DU FILM DOCUMENTAIRE ENGAGÉ DANS LE LOT

Dans la foulée du Festival ICRONOS, le film et son équipe repartaient vers l'intérieur des terres. Direction le canton de Bretenoux dans le Lot, pour participer au Festival du Film Documentaire Engagé. Un festival porté par toute une équipe profondément soudée. À l'origine, un ethnologue du CNRS, Michel Boccara, spécialiste des Mayas du Yucatan au Mexique, qui publie ses travaux sous forme écrite et aussi sous forme de documentaires, créant une collection de films témoignant sans artifice des us et coutumes des populations étudiées. Depuis quelques années, Michel Boccara s'intéresse au territoire du Lot et enregistre une série de portraits de gens du pays aux talents, aux pouvoirs méconnus. « Des personnages à la fois banals et exceptionnels comme nous le sommes tous » précise-t-il. Odette, coupeuse de feu qui a rendu indolores tant de brûlures et de zonas, Jean-Louis, agriculteur qui lit les paysages et les grottes ornées à la façon d'un devin qui n'aurait jamais rompu le lien avec notre passé, Patrick, charpentier du cru qui a su établir des ponts et même bâtir des zomes avec les étranges « bourrus », ces baba-cools arrivés au pays dans les années 70 - tels que montrés dans l'inoubliable film de Georges Lautner « Quelques messieurs trop tranquilles » tourné précisément dans ce canton du Lot et qui fit cette année l'ouverture du festival au cinéma de Bretenoux - ceux-là même qui ont su réinventer un rapport sain à la nature, à la terre mère, pour s'en nourrir sans la tuer.

Ces portraits et bien d'autres composent un jeu de « cartes de la mémoire », édité par l'association « La parole a le geste », organisatrice de ce festival. Proches, fidèles, ces films le sont aussi dans la façon dont ils sont diffusés. Dimanche 28 octobre, c'est une balade documentaire dans le village de Cornac qui a permis au public de les voir projetés dans les salons douillets de différentes maisons de particuliers, en présence des « héros » filmés, afin que la rencontre et la discussion s'opèrent. Ainsi, dans cette partie du Lot, un vrai réseau se tisse, se consolide et s'entraide par le biais de films vrais et de la parole donnée.
Notre paysan préhistorien du Périgord, Gilbert Pémendrant, fut accueilli à bras ouverts et a beaucoup aimé cette approche simple et fraternelle de ces ruraux qui ne font guère la Une de journaux.

LE DERNIER PAYSAN PRÉHISTORIEN
INVITÉ À LÉGUILLAC-DE-CERCLES

Cette ambiance nous a fortement rappelé celle que nous avions tant appréciée au café associatif de Léguillac-de-Cercles, au nord de Périgueux, où nous avions été invités à présenter notre film le 12 octobre dernier. Un café associatif, c'est un lieu géré par des bénévoles, dans la cas présent Aurore, Jean-Luc et Liliane, où l'on peut partager du savoir dans des ateliers et faire vivre l'expression culturelle sous toutes ses formes à l'occasion de soirées. Celle qui débuta pour nous à 20h30 s'acheva vers 2h00 du matin, dans une ambiance harmonieuse et apaisée. Avec comme toujours des témoignages bouleversants émanant du public. Je laisse à ce titre le mot de la fin à Jean Lalanne, présent dans la salle, qui m'a adressé ce si beau message :

« Merci pour le très beau film que tu as réalisé, si patiemment, si sensiblement, si lumineusement, avec la complicité de Gilbert Pémendrant. Ce moment passé avec vous tout au long du film m'a beaucoup touché. J'ai simplement eu envie de vous le dire, de vous dire combien pouvait être précieuse cette belle leçon de vie.

En vous accompagnant ainsi, en te suivant, en empruntant ton regard sur toutes les scènes que tu as filmées, je crois que chacun pouvait se sentir plus apaisé, plus vivant. Réconcilié peut-être avec le bonheur de vivre. Je suis sûr que la plupart des personnes qui ont vu ton film ont été émues comme moi et sont reparties avec un sentiment de richesse intérieure.

C'était une très émouvante escale entre les évocations de la préhistoire, les images d'une vie rurale menacée de disparaître, la sagesse joyeuse de Gilbert. Tu as su nous faire aimer son mode de vie, ses bonheurs retrouvés chaque jour malgré ses difficultés.

Tu as su nous arrêter quelques instants magiques pour regarder une autre façon de vivre, tu nous as dit de nous arrêter pour regarder ce que nous ne savons plus voir, doucement, la beauté des choses.

Tu nous as arrêtés dans notre course vaine, notre conditionnement à courir, tout ce qui nous empêche de voir que nous sommes vivants.

Tu as su nous faire retrouver un instant ce que nous ne savons plus ressentir, l'attention à l'autre, la chaleur humaine, la complicité.

Tu nous as fait partager en fait ce que tu es toi, et nous étions consentants.

Merci pour cette belle rencontre.

Amitiés. Jean. »

Merci à toi Jean, c'est comme si tu avais regardé le film du point de vue de Gilbert, et ainsi saisi un portrait en creux de celle qui tenait la caméra. Je suis flattée et j'assume car toute est fidèle à ma recherche créative, profondément.

Sophie Cattoire

PROCHAINES PROJECTIONS DU FILM

SOIRÉE CINÉ-RENCONTRE
Jeudi 17 janvier 2013 à 20h30
Cinéma Notre-Dame de Mussidan
en présence de Gilbert Pémendrant,
propriétaire de la grotte de Bernifal à Meyrals,
et Sophie Cattoire, réalisatrice.

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