Jacques SARABEN


Gérard FAYOLLE

Maire du Bugue

Historien du Périgord

Président de l’Institut Eugène Le Roy







Un militant de l’identité


L’identité du Périgord, très forte et très fragile, peut trouver sa définition dans l’œuvre de quelques personnalités comme celle de Julien SARABEN. Elles ont su être attentives à tout ce que le monde moderne allait balayer pour sauvegarder notre image. Plus cette image devient floue, plus leur témoignage devient précieux.


Leur coup d’œil prophétique a su extraire d’une réalité qui paraissait immobile tout ce qui se diluait sans que nous n’y prenions garde. Les scènes du monde rural que Julien SARABEN découvrait et reproduisait entraient ainsi dans notre patrimoine. Le dessinateur chevauchant sa bicyclette en toute simplicité identifiait ainsi ce qui méritait d’être sauvegardé.


La collection, soigneusement conservée par son fils Jacques, nous restitue aujourd’hui ces personnages pleins de vie, ces animaux et ces scènes du temps des routes blanches.


En véritable artiste de grand talent, Julien SARABEN ne cherche ni la grandiloquence ni à délivrer un message.


Il nous montre, en quelques coups de crayon très sûrs, toute une civilisation qui va disparaître, celle des cours de ferme et des villages où vivaient encore la majorité des Périgordins. Bien entendu le coup de crayon est objectif. Il ne s’agit pas de décrire un paradis perdu. La vie paysanne souvent impitoyable se retrouve sous la dureté du trait, comme elle apparaît en littérature chez Eugène LE ROY ou François MAURIAC.


Il ne s’agit pas non plus de décrire un enfer d’injustice et de misère. Sans doute l’auteur cherche-t-il à nous faire aimer un monde de vie simple et paisible tel que celui dont rêvait le Meunier du Frau.


En feuilletant l’ensemble d’une œuvre considérable nous retrouvons donc, non encore publiés, des scènes et des personnages que nous avons rencontrés dans notre enfance avant l’arrivée massive de l’automobile et le déferlement des poids lourds.


Certes, Julien SARABEN n’a pas limité son regard à la vie tranquille des champs. Il a illustré des ouvrages majeurs de notre civilisation Périgordine. Il nous a enseignés, avec bienveillance, alors que nous étions potaches, à observer la nature et le monde autour de nous. Nous respections son talent, sa discrétion et son humour.


Il a aussi constitué des collections au Musée du Périgord dont il était le conservateur. Il a ainsi, d’une manière ou d’une autre, contribué grandement à la sauvegarde de notre passé. Il nous a ainsi appris à redoubler de vigilance devant le danger d’uniformisation qui menace les terroirs de tous nos Périgords.