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MYKOLAS, DERNIÈRE DEMEURE NÉOLITHIQUE
nous parle de la mort après la vie, il y a 5000 ans.

Depuis quatre ans, les chercheurs font des pieds et des mains dans l'étroite grotte Mykolas pour comprendre comment s'organisaient les pratiques funéraires dans cet endroit bien caché et qui se mérite, à genoux ou en rampant. Leurs efforts commencent à être récompensés : des perles de nacre et des fragments de vases ont révélé cette année le niveau de sol foulé aux pieds, à l'extérieur juste avant de franchir le porche d'entrée, par nos prédécesseurs, il y a 5000 ans à peu près.

À l'intérieur, ils ont aussi eu la fierté de mettre au jour le premier geste funéraire vraiment marquant de cette cavité : un crâne déposé, après décomposition et donc en deuxième intention, sur certains vestiges humains (diaphyse d'humérus et dents) mêlés de tessons de céramique, le tout au centre de deux cercles de pierres, l'un juste autour du crâne et l'autre plus éloigné.

Dans le fatras d'ossements typique des sépultures collectives, qui de plus subissent rituellement le passage des lombrics et des blaireaux, retrouver cet aménagement volontaire intact est un petit miracle, fort prometteur pour la suite des fouilles qui reprendront l'année prochaine.

HISTORIQUE DE LA DÉCOUVERTE

À l'automne 2006, deux amis spéléologues du club G3S accompagnés du fils de l'un deux, Mykolas âgé de trois ans, dégagèrent sur un coteau de la région du Bugue, un trou de blaireau d'où sortait un bon courant d'air à 12°, l'indice d'une belle cavité.

De fait, quelques coups de pioche plus tard, ils parvinrent à se faufiler pour franchir une étroite chatière et se retrouvèrent nez à nez avec une douzaine de squelettes en partie enfouis sous la litière des blaireaux et l'argile patiemment remonté en surface par les lombrics. Il s'avéra qu'ils avaient eu le temps de le faire. Sitôt avertis et dépêchés sur place, un comité scientifique pluridisciplinaire fit des prélèvements en vue de datations. Résultat : nos ancêtres reposaient dans ce lieu sous terre depuis environ 5000 ans.

Grâce à leur prospection, Eric Castang, Jean-Michel Degeix et son fils Mykolas avaient découvert rien moins qu'une grotte sépulcrale du Néolithique moyen, un vrai bonheur pour la recherche qui manque cruellement de données sur cette période de notre histoire.

DES FOUILLES EXEMPLAIRES À LA GROTTE MYKOLAS

Depuis sa découverte en 2006, la grotte Mykolas fait donc l'objet d'un programme de fouilles des plus rigoureux, mené par Antoine Chancerel, conservateur au Musée National de Préhistoire et néolithicien, et Patrice Courtaud, anthropologue au Laboratoire des Populations du Passé de Bordeaux. Ces fouilles sont financées par la Direction Régionale des Affaires Culturelles d'Aquitaine, Service Régional de l'Archéologie, et par le Conseil Général de la Dordogne, Service Archéologique Départemental. Elles bénéficient depuis le début d'une collaboration exemplaire entre les inventeurs et les chercheurs. Cette année, c'est grâce à l'intervention à la pelle mécanique menée de main de maître par Jean-Michel Degeix, mission extrêmement délicate compte-tenu de la pente brutale du coteau, que la souche qui obstruait l'entrée a pu être déracinée, ce qui a permis de grandes avancées quant à la compréhension de l'usage de ce site.

En effet, après avoir durant les trois premières campagnes de fouilles dégagé d'une part les sédiments à l'extérieur et d'autre part la litière de blaireaux qui recouvrait les ossements des douze individus déposés à l'intérieur, les chercheurs ont pu cette année mettre en évidence deux découvertes très importantes en amont et dans le cœur du sépulcre.

OÙ POSAIENT-ILS LEURS PIEDS ET QUE FAISAIENT-ILS AVEC LEURS MAINS ?

Dehors, le sol sur lequel ont marché nos ancêtres du Néolithique a pu être identifié et immédiatement daté grâce à des tessons de céramiques typiques de l'époque et à des perles faites de coquillages percés (des dentales) identiques à celles déjà trouvées à l'intérieur.

Un collier de perles a-t-il été cassé avant que ne soit déposé défunt et offrandes dans la cavité ? Ce genre de trouvailles suggère aussitôt des scènes de vie dans l'esprit des chercheurs qui mènent l'enquête.

À l'intérieur le scénario se précise. Patrice Courtaud a mis en évidence un aménagement resté en place depuis lors : deux cercles de pierres et au centre du plus petit, bien calé sur différents ossements humains et des tessons de céramique, un crâne qui trône clairement.

Il s'agit d'une pratique qui a eu lieu après la décomposition de l'individu, donc d'un geste effectué lors d'un retour dans la grotte sépulcrale. Il y a également un dallage au sol fait de pierres plates qui se confirme de part et d'autre de la cavité et qui devrait être totalement dégagé lors des fouilles qui reprendront l'année prochaine.

Sophie Cattoire


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