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TROIS HOMMES ET UN COUSIN
CENTENAIRE DE LA DÉCOUVERTE DE L’HOMME DE LA CHAPELLE-AUX-SAINTS

Le plus petit village de Corrèze vient de célébrer le plus grandiose des centenaires pour honorer le plus illustre des Néandertaliens : l’Homme de la Chapelle-aux-Saints. Celui grâce auquel tous les siens purent rallier la grande famille de l’humanité, après bien des grincements de dents, il est vrai. Il fut en effet découvert enterré par ses congénères. Une inhumation volontaire survenue, pense-t-on, il y a 45 000 ans environ. Or, seuls les hommes enterrent leurs morts. Il fallut donc oublier l’étiquette de grand singe qu’on lui avait de prime abord attribuée. Il reste, cent ans plus tard, un personnage clef dans l’histoire de la préhistoire et dans le chemin à rebours vers nos origines. Il n’a pas à ce jour le statut d’ancêtre mais celui de cousin qui aurait avec nous un ancêtre commun.



LE RETOUR D’UN VIEUX DE NOTRE TERRE

La fête fut grandiose pour ce Centenaire, comme un grand rassemblement de famille autour, non pas d’un fossile, mais bien d’un vieux du pays; "un vieux de notre terre" comme l’exprime avec chaleur Denys Mézard, agriculteur à la Chapelle-aux-Saints dont toute la famille s’est toujours passionnée pour la préhistoire. Son grand-père, Gustave, fut l’élève de Jean Bouyssonnie, le curé préhistorien, professeur de sciences naturelles et découvreur, avec ses frères, du fameux Néandertalien. Son père, Jean-Paul, fut l’instigateur de la reprise des fouilles à la Chapelle-aux-Saints et le premier conservateur du Musée de l’Homme de Néandertal ouvert en 1996 dans la commune. Quant à son fils Baptiste, ayant découvert un magnifique silex taillé dans un sillon de labourage, il le prit dans sa main et eut cette phrase fulgurante :
« Tu te rens compte papa, j’ai touché la main d’un homme préhistorique ! ».

La préhistoire ici, c’est l’affaire de tous. Alors pour célébrer le Centenaire de la découverte de l’illustre personnage, tout fut formidablement bien organisé.

LA PRÉHISTOIRE À LA PORTÉE DE TOUS

Il y eut en amont l’idée audacieuse de Michel Vigne, alors vice président de l‘association "La Chapelle-aux-Saints Archéologie et Patrimoine" (C.A.S.A.P) : faire revenir le fossile original conservé depuis un siècle dans les collections du Musée de l’Homme à Paris. Convaincu de son bien fondé et n’ayant pas peur de se retrousser les manches, Jean-Claude Hironde, président de la C.A.S.A.P, sut la concrétiser. De plus, pour faire le point sur nos connaissances un siècle après la découverte du problématique squelette, un cycle de conférences réunissant les meilleurs spécialistes des Néandertaliens fut organisé autour de la date anniversaire du 3 août 2008.

La fête et la connaissance firent ainsi, par un bel été corrézien, un mariage des plus heureux, accomplsisant la belle ambition de mettre la science à la portée de tous et recevant à ce titre, pour parrainer l’évènement, le professeur Yves Coppens, talentueux paléoanthropologue et orateur généreux.

Le tout dans un décor entièrement remodelé pour l’occasion. Grâce à la commune et au département, la route qui longeait la Bouffia Bonneval fut déviée, les arbres coupés et le fossé remblayé. En un printemps la falaise où l’homme vécut et où il fut inhumé retrouva la douceur du soleil et le village une vaste esplanade qui à terme pourrait devenir la place centrale qui lui a toujours manquée et le trait d’union entre son bourg, discret, et son gisement préhistorique célèbre dans le monde entier.

DES SCIENTIFIQUES À LA POINTE
PARLENT D’UN HOMME "À LA MASSE"
DÉCOUVERT PAR DES CURÉS À LA PIOCHE

En 1908, les abbés Jean et Amédée Bouyssonnie et leur frère Paul découvrent la première sépulture d’un homme de Néandertal à la Chapelle-aux-Saints. Il n’est pas à l’image de Dieu et ressemble, trouve-ton alors, plutôt à un gorille amélioré. Alors, revenant antédiluvien ou chaînon manquant ? Le bonhomme bouleverse tous nos repères. À l’issue d’un siècle agité, l’homme réussit à se frayer un chemin dans la lignée de l’humanité. Mais il s’est éteint et n’a pour l’heure que le titre de cousin ayant avec nous un lointain ancêtre commun. À l’occasion de la célébration du centenaire de sa découverte, la fine fleur des chercheurs, réunie autour du fossile original, de retour à titre tout-à-fait exceptionnel au pays, retrace cette épopée et nous livre la façon dont la science aujourd'hui réhabilite les hommes de Néandertal.

Interviennent sur différents thèmes liés aux progrés de la science issus de cette découverte :

  • Yves Coppens, anthropologue et professeur au collège de France
  • Jean-Louis Heim, anthropologue et professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle
  • Bruno Maureille, anthropologue et chercheur au C.N.R.S.
  • Alain Turq, préhistorien et conservateur au Musée National de Préhistoire
  • Thierry Bismuth, conservateur du Patrimoine au Service Régional de l’Archéologie du Limousin
  • Cédric Beauval, archéozoologue et responsable du nouveau chantier de fouilles de la Chapelle-aux-Saints mené par la société Archéosphère.

À la faveur d'un documentaire tourné lors du Centenaire, des chercheurs à la pointe nous parlent donc d’un homme prétendument à la masse trouvé par des curés à la pioche il y a tout juste un siècle et qui soulève depuis les plus vifs débats : l’Homme de la Chapelle-aux-Saints, le premier homme de Néandertal reconnu en position sépulcrale et par ailleurs l’un des spécimens les mieux conservé au monde, dans la bonne terre du Limousin. Ainsi peut-on résumer le thème du reportage de 50 minutes réalisé par Ferrassie-TV et qui vient de sortir sur DVD :
NÉANDERTAL - LE RETOUR
Un titre de référence qu’il faudra visionner dans un siècle pour mesurer tout le chemin parcouru grâce à la recherche scientifique, essentielle pour sortir de l’obscurantisme et remonter, pas à pas, le long chemin vers nos origines...

Sophie Cattoire



Musée de l'Homme de Néandertal


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