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BANQUET CAROLINGIEN À SAINT-GEYRAC

Fermez les yeux et laissez-vous guider par les saveurs. Le fumet de certaines marmites agit comme un élixir puisant, capable de vous faire remonter le temps. C’est l’an 800. Charlemagne règne. Il crée le Royaume d’Aquitaine, vassalise la Bavière, soumet les Frisons mais surtout… ça sent bon le lard fumé, le bouillon de poule aux févettes et la coriandre finement émincée. Le jambon caramélisé et les terrines d’oies fumées ne sont plus très loin. Pouvez-vous les humer ? Allez, encore une gorgée d’hypocras, où vanille et miel chatouillent la tisane du vigneron, et vous serez plongés pour de bon dans cette époque où l’on prenait le temps. Le temps du soleil et celui des saisons, le temps nécessaire pour permettre l’éclosion d’un monde paysan dont tout le Périgord, dessus comme dessous, est encore pétri.


LA PROTOHISTOIRE : DU NÉOLITHIQUE AUX GAULOIS

Il manque des pages dans le livre de notre Histoire. Ce qui la rend imprévisible, comme un vrai roman policier. En plus d’être mal connues, il y a des périodes qui sont beaucoup trop vite survolées par les manuels scolaires. Vous connaissez, vous, la Protohistoire ?

Ce n’est pas de la Préhistoire — de l’apparition de l’homme jusqu’à sa sédentarisation — ni de l’Histoire — notre passé depuis l’apparition de l’écriture — mais une période intermédiaire sans écrits. Alors des hommes d’aujourd’hui fouillent et grattent pour reconstituer les bribes de ce passé.

Parmi eux : Christian Chevillot, archéologue et ethnologue, qui présidait ce fameux banquet carolingien concocté par le chef périgourdin Eric Boyard, l’un de ses complices au Parc Archéologique de Beynac, où se rejoue grandeur nature la Protohistoire.

« La Protohistoire se partage en quatre grandes phases : le Néolithique, l’Âge du Cuivre, l’Âge du Bronze et les Âges du Fer, soit de 6000 à 52 avant Jésus Christ. L’arrivée de populations nouvelles amenant avec elles l’agriculture et l’élevage sont autant de facteurs nouveaux de développement et de changement radical des modes de vie. La gestion des troupeaux et du stockage des céréales, le commerce des matières premières et des métaux, occasionnent des bouleversements profonds. De prédateur au Paléolithique, l’homme devient producteur au cours du Néolithique et de la Protohistoire ».

DIFFFUSER LOIN DES MUSÉES, AU CŒUR DU TERROIR

Christian Chevillot sait raconter, de manière vivante et imagée, toute cette histoire oubliée. Cette réunion décentralisée à Saint-Geyrac, en cette fin d’hiver, avait pour objet, grâce aux amateurs, aux passionnés, la transmission des récentes découvertes concernant notre passé sur les lieux mêmes de leur découverte.

C’est la raison d’être de l’association dont il a été l’un des fondateurs, il y a 20 ans, et dont il est aujourd’hui le président : l’ADRAHP, Association pour le Développement de la Recherche Archéologique et Historique en Périgord.

Depuis 1986, donc, elle publie les travaux, les fouilles, les prospections et compulse les contributions des archéologues, à pied d’œuvre dans toute la Dordogne, dans des brochures annuelles de grande qualité qui tissent petit à petit une encyclopédie qui nous manquait. Outre la Protohistoire, ces recueils, largement illustrés, revisitent le monde Médiéval, la Renaissance, et arrivent jusqu’à l’archéologie industrielle.

LES TRÉSORS DU CHÂTEAU DE L’HERM

En l’église de Saint-Geyrac les 11 et 12 mars 2006 étaient ainsi présentés, en avant-première, le fruit des fouilles qui se déroulent actuellement au Château de l’Herm, à l’initiative des propriétaires, Dominique et Marie Palué, et avec le soutien scientifique du Service Régional de L’Archéologie. Des fragments de verres du XVIe siècle d’une grande beauté, verres à boire mais aussi morceaux de vitraux gravés, qui à eux seuls permettent d’imaginer les fastes de ce château gothique flamboyant, il y a trois siècles, avant qu’il ne soit abandonné.

Ces joyaux de la Renaissance ont été trouvés dans des "fosses à latrines" dont on ignorait jusqu’à l’existence et qui recevaient, en réalité, à l’instar d’un vide ordure, les objets cassés. L’entrée de cette pièce souterraine avait été obstruée, les fouilles l’ont révélée. Marie Palué fera paraître dans le prochain bulletin de l’ADRAHP à l’automne 2006 le compte rendu fascinant de ces fouilles, ainsi qu’une contribution sur les anciennes verreries de la région de Rouffignac, thème de recherche qu’elle poursuit avec Bernadette Pryzdryga, de l’association "Histoire et patrimoine" de la Douze.

L’ADRAHP FAIT SALON À CHANCELADE TOUTE L’ANNÉE

Outre ces manifestations ponctuelles dans le tissu rural, l’ADRAHP rassemble ses membres chaque premier vendredi du mois, à 20h30 au foyer socioculturel de Chancelade, pour faire le point sur les recherches en cours à la faveur d’exposés.

L’occasion de faire la connaissance d’une équipe de passionnés et de consulter la collection des "Documents d’Archéologie et d’Histoire Périgourdine" qui s’étoffe d’années en années.

Sophie CATTOIRE

Nous remercions Christian Chevillot, Jean-Jacques Gié et tous les membres de l'ADRAHP pour l'accueil qu'ils nous ont réservé à Saint-Geyrac et pour la documentation qu'ils ont bien voulu nous confier.

Archives : Pour voir la liste des publications de l’ADRAHP, cliquez ici.


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