LETTRE D’AMOUR AU PÉRIGORD
par Sophie Cattoire
Il y a des choses qui comptent dans une vie, qui vous construisent et vous protègent. Elles ont laissé en vous une empreinte et lorsque vous les rencontrez à nouveau, elles vous remplissent, vous réchauffent, retrouvent leur place le plus naturellement du monde. Nous avons lancé sur la grande toile du web le 21 juin 2006, jour de l’été, ce magazine que vous consultez à l’instant même : www.albuga.info en français, en anglais et aussi en occitan. C’est en occitan, en patois que j’ai vu vivre les plus belles personnes qui soient : Louise et Albin, paysans qui vivaient de rien ou plutôt de tout ce qu’il y a d’essentiel. Un puits, un petit potager, de la luzerne pour les lapins, un cochon nourri aux châtaignes. Dans la forêt, les champignons et la cabane pour tailler le feuillard et tresser paniers. Quand Albin voyait un joli cèpe ou une oronge sur le bord du chemin, il les laissait pour que je les trouve. Je vivais comme une princesse sur le rocher qui couve l’abri de La Ferrassie, la célèbre « nécropole » néandertalienne où les préhistoriens du XXᵉ siècle retrouvèrent les squelettes vieux d'au moins 50 000 ans d'un homme, d'une femme et de 7 ou 8 enfants.
Moi, petite chèvre libre arrivée en Périgord à l’âge de raison, je passais mon temps à dévaler jusqu’à l’abri qui me fascinait déjà. Tout ce calme, cet élan de vie et cette curiosité, je les ai retrouvés trente ans plus tard, après avoir fait mon tour du monde pour être sûre. Je suis sûre, à présent, mon paradis est ici et ce sont des gens comme Yvonne, Jules et leur fils Éric qui m’ont permis de m’en assurer, il n’y a pas si longtemps. Je leur rends ici hommage et je leur dédie notre ligne éditoriale, basée sur l’envie de témoigner de choses belles et réconfortantes car il n’y a pas que des horreurs et des drames à raconter.
Cette famille de Mauzens Miremont a réinventé une façon naturelle de cultiver son jardin. Un maraîchage sage et éclairé à base d’insectes et de bons sens. Une approche véritablement porteuse d’avenir, et c’est pour ce genre de démarche que nous avons créé cette rubrique « Avenir », pour laisser quelque chose qui donne à nos enfants l’envie de continuer.